Les messes de l’OPEP, comme celle prévue le 4 décembre à Vienne, n’attirent plus les foules. Ce n’est pas faute de croyants-consommateurs, mais parce que la certitude s’est installée que les Saoudiens veillent in fine aux affaires de l’organisation en évitant toute embardée qui pénaliserait l’économie mondiale et donc la demande. Prix élevés mais stables, tel est le credo saoudien, dont chacun doit s'accommoder.
La confiance en la sagesse bédouine est-elle justifiée ? Riyad semble s’obstiner à ne pas voir les conséquences de la révolution des gaz de schiste qui fait des Etats-Unis le premier producteur mondial de brut, sans parler des sables bitumineux canadiens dont il est question dans le captivant jeu en ligne Fort McMoney, ou du pétrole des gisements en mer pré-salifères brésiliens. Le gaz et le pétrole de schiste ne sont-ils que des feux de paille ? C’est ce que veut croire l’organisation, appuyée sur ce point par l'Agence internationale de l'énergie.
On comprend cette tentation à sous-estimer l’importance des gisements de Bakken ou de Marcellus. L’abondance d’or noir pèserait à la baisse sur les prix, ce qui tendrait les relations déjà délicates avec le voisin iranien et avec le Venezuela chaviste. Sans parler qu’un accord de longue durée en Téhéran et Washington, dans la foulée de celui, intérimaire, conclu pour six mois à Genève, ramènerait sur le marché environ 1,5 millions de barils jour. Un cauchemar.